Réintroduction des perdrix grises

[fethi d'alger]

Réintroduction des perdrix grises en relation avec la génétique et les conditions d'élevage
source : STATION ORNITHOLOGIQUE SUISSE
Pièce jointe 101513
Est-ce que l'origine génétique et les conditions environnementales au moment de la ponte ainsi que pendant l'élevage des jeunes jouent un rôle sur le taux de survie ? Serait-il donc possible que les animaux sauvages qui sont engendrés et élevés dans des conditions aussi naturelles que possible survivent mieux en liberté que ceux provenant d'un élevage ? Ces questions ont été étudiées dans le cadre du projet de réintroduction de la perdrix grise.

Objectifs
Dans cette étude, nous abordons dans la même recherche une question ouverte sur la protection des oiseaux (A) et un problème scientifique (.

(A) Dans le domaine de la protection des oiseaux, on considère que la réintroduction d’espèces ne vaut la peine que lorsque l’habitat adéquat est encore présent ou lorsque celui-ci a été revitalisé, et que l’espèce en question ne peut pas recoloniser le site de façon naturelle parce que la zone d’où elle a disparu est trop grande. Le succès de ces réintroductions est souvent limité, et les raisons pour lesquelles ces animaux ne parviennent pas à maintenir leur effectif sont souvent peu claires. D’une part, les facteurs génétiques jouent un grand rôle. Il a été montré que les oiseaux sauvages survivent souvent mieux dans la nature que les individus provenant d’élevages. D’autre part, les conditions de captivité pendant l’élevage ont aussi leur importance, car elles peuvent influencer les chances de survie des oiseaux après leur mise en liberté. Par exemple, le séjour en captivité peut réduire la capacité de réaction des oiseaux aux dérangements ou leur vigilance concernant les prédateurs. Notre étude a essayé de trouver les conditions d’élevage qui préparent la perdrix grise à survivre en liberté de la façon la plus optimale. Ces connaissances ne pourraient pas seulement être utiles à la réintroduction de la perdrix grise en Suisse, mais elles pourraient aussi contribuer à augmenter le succès d’autres projets de réintroduction.

( En physiologie écologique et en endocrinologie, il est maintenant clair que la sensibilité au stress varie d'une manière adaptative selon les espèces, sous-espèces, individus, saisons et conditions environnementales. La sensibilité au stress s'adapte selon la situation, si cela vaut la peine de réagir au stress et avec quelle intensité. Ainsi, un oiseau qui se reproduit pour la dernière ou l'avant-dernière fois est moins sensible au stress qu'un oiseau qui a encore de nombreuses occasions de se reproduire. L'adaptation de la sensibilité au stress est un facteur important dans la vie d'un oiseau à cause des trois aspects supplémentaires suivants:
(a) La sensibilité au stress est déterminée par les gènes et les hormones.
(b) La sensibilité au stress des jeunes peut être influencée par la mère à travers les hormones se trouvant dans l'oeuf.
(c) Les conditions d'élevage juste après l'éclosion influencent la manière dont un oiseau va réagir aux facteurs de stress et quel type de comportement (personnalité) il va développer.
Alors que la recherche a fait de gros progrès ces dernières années quant à ces trois aspects, deux questions restent encore ouvertes.

1. Quelles interactions y a-t-il entre les conditions génétiques, les effets maternels via les hormones dans l'oeuf et les conditions de développement des jeunes et quelle est leur influence sur la sensibilité au stress ?
2. Quelles conséquences les différents effets ont-ils sur la condition physique ?

Les essais de réintroduction de perdrix grises dans le canton de Genève permettent d’étudier ces sujets complexes de façon expérimentale, et de traiter en même temps les questions ouvertes mentionnées ci-dessus au sujet de la réintroduction.

Procédé
Pour tester les interactions entre les facteurs génétiques, les effets maternels via les hormones dans l'oeuf et les conditions de développement des jeunes, nous avons travaillé avec des oiseaux de deux lignées différentes (sauvages et domestiqués). Les perdrix de lignée « sauvage » ne vivaient en captivité que depuis trois générations. La lignée « domestiquée » était composée d’individus tenus en captivité depuis plus de 30 générations. Cette différence de durée en captivité pourrait influencer de façon non négligeable la physiologie, le comportement et la capacité de survie en liberté des oiseaux.

Pendant la période de ponte, les couples de parents de ces deux lignées ont été soumis à un accès à la nourriture soit prévisible, soit imprévisible. Les poussins ont également été soumis à ces deux différents accès à la nourriture pendant le premier mois de leur vie. La prévisibilité de l’accès à la nourriture est un facteur environnemental important, qui peut influencer le développement, la physiologie et le comportement d’un individu.

Huit groupes expérimentaux ont été formés des combinaisons d’oiseaux des deux lignées et soumis à ces différentes conditions d’alimentation avant et après la naissance. Les aspects physiologiques et comportementaux ainsi que la survie des oiseaux après leur mise en liberté ont ensuite été comparées entre les huit groupes différents.

Résultats
En comparaison avec les individus de lignée domestique, les oiseaux de lignée sauvage ont montré une réponse immunitaire plus forte, une plus grande résistance contre le stress oxydatif ainsi qu’une réponse physiologique au stress des dérangements plus prononcée. Ces caractères physiologiques de la lignée sauvage n’allaient par contre pas de pair avec une survie plus élevée de ces perdrix après leur mise en liberté.

L’imprévisibilité des disponibilités alimentaires après la naissance a influencé certaines parties du système immunitaire de façon positive et a aussi augmenté la survie après la mise en liberté. Le comportement des adultes pendant l’élevage a aussi influencé leur survie : ce sont les oiseaux les plus hardis qui ont survécu le plus longtemps après avoir été mis en liberté. La perdrix grise est un animal très social, et la compagnie de perdrix (groupe social) a bel et bien un effet sur la physiologie, le comportement et la survie d’un individu.

En résumé, nous avons pu démontrer que ce sont surtout les conditions pendant l’élevage et donc avant la mise en liberté qui ont des conséquences sur le développement et la survie des perdrix grises. Des mesures simples telles qu’un accès à la nourriture imprévisible pendant l’élevage, ou la mise en liberté des oiseaux dans une compagnie intacte et bien en harmonie peuvent augmenter les chances de survie des perdrix réintroduite dans la nature de manière décisive. Ces connaissances ne sont pas seulement utiles pour pouvoir redonner à la perdrix grise son statut d’oiseau indigène en Suisse, mais aussi pour améliorer les chances de succès d’autres projets de réintroduction.

Responsable de projet
Lukas Jenni, Susi Jenni-Eiermann

Partenaire
Alexandre Roulin, Université de Lausanne

[mica63]

Salut Fethi,
Ces études nous démontrent de façon évidente la difficulté qu'il y a à réintroduire des espèces qui ont disparu ou en voie de disparition ...

Conclusion : ne pillons pas la nature et préservons les espèces sauvages en nombre suffisant plutôt que d'être obligé d'en arriver à ces extrémités !...

[fethi d'alger]

malgré tout les efforts, l'homme fait plus de mal que du bien en ver la nature