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http://www.ornithologies.fr/blog/lesoiseauxdumonde/reconnaisssance-du-canari-mogno/
Cette année 2017 l’OMJ reconnait officiellement une nouvelle mutation chez le canari couleur sous le terme de Mogno. Une nouvelle classe s’ouvre et accueillera dans nos prochains concours les noirs et bruns Mognos. En France ils seront dans le groupe D13.
Dans les années 2010 certains éleveurs italiens ont cultivé des canaris opales différents. Ces oiseaux qu’ils ont baptisé mutation ’’Quartzo’’ avaient la particularité de posséder un dessin de strie plus foncé comparé aux canaris Opales cultivés par la majorité des éleveurs européens. Mais aussi ils avaient l’oxydation du dessous de la plume plus accentuée que le dessus. Cette caractéristique du quartzo existait déjà chez nos amis brésiliens, qui possèdent et développent, par la sélection qu’ils en ont faite, un large panel de canaris noirs et bruns opales depuis une quinzaine d’années.
Brun opale jaune mosaïque mâle [© Guy Doumergue – El. A. Daniel]
La mutation opale n’interfère pas exclusivement sur la dilution de l’eumélanine mais aussi sur la répartition des pigments dans la structure même de la plume. Cependant pour obtenir l’effet opalescent les pigments eumélaniques noirs ou bruns doivent être plus concentrés sous la plume le long du rachis que sur le dessus de la plume.
Dans l’hémisphère sud, les canariculteurs brésiliens ont donc résolument pris un chemin différent mais parallèle dans la sélection de leurs Opales et auraient développé au fil des années un canari opale au dessin beaucoup plus marqué.
Brun mogno jaune mosaïque mâle. On voit très nettement la différence, le mogno correspond à une surmélanisation (en quantitatif et en qualitatif) [© & El. L. Béraldi ]
Toutefois il se dit qu’au Brésil, dans une nichée de canaris bruns opales, naquit un oiseau différent car plus contrasté que la fratrie et qu’il serait le père fondateur des canaris baptisés Mogno. Comme dit le proverbe, ’’rendons à César ce qui appartient à César’’, c’est-à-dire le travail développé par les éleveurs brésiliens.
Ceux-ci ont donc légitimement émis le souhait que soit reconnu leur ouvrage par l’intermédiaire de leur fédération, la FOB (Federaçao Ornitologica do Brasil) devant l’OMJ sous l’appellation Mogno, terme provenant de l’essence d’un arbre endémique à l’Amazonie.
Noir mogno rouge mosaïque. Exemplaire de 2015 ayant servi au mondial à la reconnaissance officielle du mogno. La tonalité des stries est très foncée, bien caractéristique. [© A. Sanz – El. R. Bindschädel]
HISTORIQUE
Il y a plus de 30 ans, au cours de l’année 1985 j’ai acquis dans les Pyrénées chez mon ami Jean-Pierre Lartigue, mes premiers canaris en mutation Opale. Il s’agissait de canaris bruns opales argentés (aujourd’hui dénommé brun opale blanc). Ces oiseaux étaient dépourvus de dessin de strie. Ils étaient uniformément blanc mat et ressemblaient à des lipochromes. Il fallait souffler la plume pour apercevoir une sous-plume grise-brunâtre. À l’époque les bruns opales n’exprimaient pas les pigments eumélaniques au centre de la plume le long du rachis. Aucun dessin de strie n’était alors perceptible. Les pigments très peu concentrés laissaient percevoir un oiseau manquant de luminosité par rapport aux lipochromes blancs. La mélanisation s’exprimait d’avantage en début de plume, c’est-à-dire en sous-plume.
À force de sélection les éleveurs ont développé des oiseaux au dessin marqué. Je salue au passage Didier Biau qui fût surement, même antérieurement à l’année 1985, l’un des premiers pionniers à avoir pris un chemin différent et qui fît naître et a cultivé des bruns opales avec un dessin visible.
Il est à noter cependant qu’il est apparu à ce stade, deux types d’oiseaux ayant un dessin mélanique naissant.
Un premier type où le dessin trop peu concentré en partie centrale, était constitué d’une pseudo strie induite par la phaéomélanine sur la périphérie de la plume et qui en se superposant par phénomène de tuilage formait une légère strie assez diffuse et non axiale.
Un deuxième type correspondant à l’actuel mais avec un dessin très très fin, peu visible et tout aussi diffus mais composé d’eumélanine déposée en partie centrale (axiale).
Mais, qui aurait cru à l’époque que l’on aurait pu en arriver là, alors que nos oiseaux étaient exempts de dessin ?
C’est alors que nous nous sommes attelés à travailler nos opales avec du dessin tout en contrôlant la dilution de cette mutation. C’est-à-dire en produisant des oiseaux dilués, avec du dessin opalescent sans le sur-concentrer, car il était nécessaire de conserver la caractéristique incontournable d’avoir le dessous de la plume plus oxydée que le dessus. C’était un choix.
A contrario aujourd’hui tout va dans l’exagération, toujours plus large, toujours plus concentré, toujours plus oxydé avec une interstrie réduite mais toujours plus claire. Les différentes mutations venant à se ressembler et à donner des canaris avec une expression mélanique plus ou moins équivalente.
Nos amis Brésiliens, eux, comme je l’ai évoqué, ont donc travaillé ces oiseaux différemment. Ils ont sur-concentré la mélanine en sélectionnant leurs canaris opales les plus foncés. La caractéristique du dessous de la plume, plus oxydée et donc plus foncée, a disparu. Ce fut aussi un choix, le leur, certes différent. Les brésiliens travaillent avec une densité d’oiseaux énorme comparé à l’Europe, de ce fait ils possèdent un plus large cheptel et un vaste spectre de sélection. Le brésilien, feu Luiz Beraldi, regretté président de la COM dans l’hémisphère sud, désignait d’ailleurs ce type d’oiseaux ainsi, par le terme Opale. Cependant devant l’appellation Quartzo des éleveurs italiens, les brésiliens ont voulu à juste titre que soit reconnu leur travail avec le terme ‘’Mogno’’. Reconnu aujourd’hui par l’OMJ.
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