PDA

Voir la version complète : Aider une hirondelle tombée du nid


fethi d'alger
09/05/2015, 12h13
Aider une hirondelle tombée du nid : des conseils et un exemple
Sélection de conseils pratiques pour aider une petite hirondelle incapable de voler et présentation d'un exemple de "sauvetage" réussi.
Les jeunes de la plupart des espèces d'oiseaux qui vivent près des maisons quittent leur nid quand ils sont entièrement emplumés, mais pas forcément quand ils savent voler : plusieurs jours supplémentaires sont souvent nécessaires avant que les plumes de leurs ailes ne se développent suffisamment. Mais ce n'est pas le cas des petites hirondelles qui sont généralement capables de voler (plus ou moins adroitement) dès qu'elles ont quitté le nid : trouver un jeune au sol, même emplumé, n'est donc pas normal. S'il vous semble en bon état et que vous savez où est le nid, vous pouvez le remettre dedans. Mais si ce n'est pas possible d'un point de vue pratique, si les parents le rejettent ou si vous n'avez pas d'autre solution, il va falloir vous en occuper. Dans cet article, nous vous donnons plusieurs conseils pratiques pour faire face à cette situation et nous vous présentons l'exemple de Giulana Mulot qui a réussi à aider une petite Hirondelle rustique à prendre son indépendance.
101087
Jeune Hirondelle rustique (Hirundo rustica) recueillie au printemps 2014 : notez les commissures jaunes du bec.
Photographie : Giulana Mulot
Hirondelles rustique et de fenêtre

Les deux espèces d’hirondelles qui nichent régulièrement dans les maisons et sur les bâtiments d’Europe sont l'Hirondelle de fenêtre (Delichon urbicum), noire et blanche et à queue courte, et l'Hirondelle rustique (Hirundo rustica), au dessus bleu-noir, au dessous blanchâtre, à la gorge et au front roux et à la queue très échancrée et prolongée par deux filets (lire Identifier les oiseaux du jardin et des parcs au printemps et en été).
Chez l'Hirondelle rustique, il faut compter 18 à 23 jours après l'éclosion pour que les oisillons quittent le nid. Et pour les inciter à le faire, les parents cessent de les nourrir, leur tendent des insectes et lorsque les petits se sont suffisamment approchés du bord, ils lancent des cris d'alerte qui les font "basculer" dans le vide. Les adultes continuent ensuite de les nourrir pendant environ une semaine.
L'Hirondelle de fenêtre niche plutôt à l'extérieur des bâtiments qu'à l'intérieur des granges et des étables comme l'Hirondelle rustique. Les jeunes quittent leur nid à l'âge de 22 à 32 jours. Les adultes continuent ensuite de les nourrir pendant environ une semaine.
101088
Hirondelle rustique (Hirundo rustica) adulte : notez le front et la gorge rouge brique, le dos bleu-noir, le dessous blanc et la queue à brins effilés.
Photographie : Martin Mecnarowski / Wikimedia Commons
101089
Hirondelle de fenêtre (Delichon urbicum) adulte : notez le plumage bicolore blanc et noir.
Photographie : Estormiz / Wikimedia Commons
Replacer la petite hirondelle dans son nid
Si vous trouvez une jeune hirondelle sur le sol, a priori en bonne santé mais incapable de voler, il faut d’abord essayer de la remettre dans son nid (si possible le bon), puis vérifier que les parents reviennent s'en occuper dans la demi-heure ou l'heure qui suit.
Les hirondelles n'ont pas un odorat très développé, mais certains témoignages évoquent des cas de jeunes rejetés par les adultes après avoir été touchés : même si la cause réelle de ce comportement n'est pas connue, dans le doute et pour des raisons d'hygiène, utilisez des gants ou un linge pour attraper l’oisillon.
Si le nid est inaccessible et si le petit est assez grand, vous pouvez l’installer en sécurité en hauteur et à l'abri des intempéries et vérifier que les parents viennent s'en occuper.
Si le nid a été détruit, essayez d'en réaliser un de substitution, par exemple avec un petit panier ou une boîte garnis de serviettes en papier, puis fixez-le à proximité de l'ancien emplacement.
Si vous constatez que le petit ne veut pas rester dans son nid, n'insistez pas, il a sûrement décidé de prendre son envol (même si ses premières tentatives sont ratées) : surveillez juste qu'il ne court pas de dangers immédiats.
S'il n'est pas possible de remettre le petit dans son nid et que vous pensez qu'il est en danger (chats, circulation...), vous pouvez le placer dans une caisse ou une boîte bien aérées et appeler un centre de soins de la faune sauvage. Et s'il n'y a vraiment pas d'autre solution, il va falloir vous en occuper jusqu'à ce qu’il puisse s’envoler
101090
Petite Hirondelle rustique (Hirundo rustica) recueillie au printemps 2014 : notez son duvet.
Photographie : Giulana Mulot
La loi française

Afin d'éviter le trafic d'animaux protégés, la loi française interdit aux particuliers de capturer, détenir et soigner chez eux des animaux sauvages, sans autorisation spécifique, sous peine de 15 (art.L 415-3 Code de l'environnement). Cependant, l'administration, par l'instruction du 14 mai 1993 et dans la circulaire du 12 juillet 2004 a reconnu la notion "d'animal en détresse" et a implicitement accordé une dérogation aux particuliers qui ramassent un animal blessé et le transportent vers un centre de sauvegarde, à condition que ce transport s'effectue dans les meilleurs délais et par le chemin le plus direct. Ce n'est que si aucun centre de soin ne peut prendre en charge votre animal que vous pourrez temporairement le garder chez vous (et en théorie, il faudrait alors avertir l'Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage).
L'installer dans un endroit calme
Installez la petite hirondelle dans un endroit calme, dans une caisse, une boîte à chaussures, un panier ou une cage (si elle a tendance à beaucoup se déplacer) avec du papier déposé sur le fond (pour faciliter le nettoyage). Si l'oiseau est déjà assez grand, placez un petit récipient d'eau à côté.
101091
Petite Hirondelle rustique (Hirundo rustica) recueillie en mai 2014 et placée dans un bac plastique
Photographie : Giulana Mulot
La nourrir

Il va bien sûr falloir nourrir votre protégée : la recette classique et "universelle", composée de pâté pour chats et de jaune d'oeuf, semble avoir un succès mitigé chez les jeunes hirondelles (cas de diarrhée). Il est donc préférable de leur donner des insectes, plutôt coupés ou hachés, que l'on pourra acheter vivants ou sous vide dans une animalerie : asticots congelés (et non vivants !), vers de farine (à donner sans la tête), larves de teignes, grillons (sans les pattes), mouches... Les oeufs durs (émiettés) constituent aussi de bonnes sources de protéines. Humidifiez légèrement ces aliments pour hydrater le petit. Ne donnez pas de lait ni de pain.
La nourriture sera distribuée en moyenne toutes les demi-heures au départ, puis tous les heures ou toutes les deux heures progressivement. Vous pouvez utiliser une pince à épiler (voir une vidéo) ou même un pinceau . A chaque séance de nourrissage, donnez autant d'insectes que l'oiseau le demandera (elle les quémandera).
Lors du premier repas de la journée, vous pouvez éventuellement rajouter un supplément en calcium et vitamine D3 (disponible dans les animaleries).
Au début, il est possible que le petit ne veuille pas ouvrir le bec : n'insistez-pas, sauf si cela dure trop longtemps (dans ce cas il faudra lui écarter délicatement les mandibules, par exemple avec une carte téléphonique . Vous pouvez stimuler l'ouverture du bec en caressant son dos, en tapotant légèrement sur son bec, en touchant ses commissures et/ou en lui parlant. Si nécessaire, rendez la nourriture plus fluide, elle sera plus facile à faire avaler.
Une consistance correcte des fientes vous indiquera si le régime est satisfaisant.

Limiter au maximum les contacts
Votre objectif est avant tout d'aider la petite hirondelle à prendre son envol : limitez donc si possible vos contacts aux séances de nourrissage. Au bout de quelques jours, elle sera de plus en plus active et il sera alors temps de vérifier si elle peut voler, dans un endroit sûr d'abord, puis à l'extérieur dans un secteur où d'autres hirondelles sont présentes
101092
Petite Hirondelle rustique (Hirundo rustica) recueillie, printemps 2014.
Photographie : Giulana Mulot
L'exemple réussi de Giulana Mulot

Un couple d'Hirondelles rustiques a niché en 2014 au sous-sol de la maison de Giulana Mulot, une lectrice d’Ornithomedia.com. En mai, elle a trouvé un oisillon couvert de duvet qui était tombé par terre et qu'elle n'a pas pu remettre dans son nid (rejet par les parents). Elle l'a placé dans une grande caisse en plastique dans sa salle de bains. Pour le nourrir, elle a acheté des vers de farine dans une jardinerie, et comme ils mesurent environ 2 cm de long et qu'ils ont la peau un peu dure, elle les coupait en trois ou quatre avant de les distribuer. Au début, le rythme de nourrissage était élevé, puis les repas se sont espacés, et finalement elle ne lui donnait à manger que quand le petit lui faisait comprendre qu’il avait faim.
Son plumage évoluait rapidement. Un jour, Giulana a remarqué que "son" hirondelle semblait moins intéressée par les vers de farine : le vendeur lui a alors conseillé des larves de teignes, plus molles. Elle les coupait en morceaux et l'oisillon les avalait avec gourmandise. Giulana nous précise que le vendeur lui avait déconseillé de lui donner des asticots vivants, qui seraient dangereux pour sa santé.
Elle communiquait régulièrement avec la jeune hirondelle (paroles, sifflements), et celle-ci se posait régulièrement sur son épaule. Quand elle a considéré qu'elle était assez grande pour s’envoler, elle l'a amenée à l'extérieur et l'a doucement lancée en l'air (elle ne voulait pas s'envoler d'elle-même). Le soir de la première journée, les hirondelles sont revenues dormir dans le nid et la petite protégée était là, se posant sur le bras de sa "mère adoptive". Elle est revenue plusieurs jours de suite, continuant à se faire nourrir, avant finalement de prendre son indépendance.
101093
Petite Hirondelle rustique (Hirundo rustica) recueillie au printemps 2014 : il est difficile de ne pas s'attacher, même s'il est préférable de limiter au maximum les contacts.
Photographie : Giulana Mulot
101094
Petite Hirondelle rustique (Hirundo rustica) recueillie au printemps 2014 : l'émancipation a été progressive.
Photographie : Giulana Mulot
Ornithomedia