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maloute45
23/05/2014, 10h13
Source : Ornithomédia - 15/02/2014

Nourrir un oisillon au printemps
Au printemps et en été, plusieurs visiteurs nous demandent que faire avec un oisillon recueilli :
que lui donner à manger, comment, à quel rythme et jusqu'à quand ?

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L'élevage d'un oisillon ne doit se faire que lorsqu'on n'a pas d'autres choix.
Photographie : Elizabeth Strouve

Chaque année au printemps et en été, de nombreux visiteurs nous demandent que faire avec
l'oisillon qu'ils ont recueilli : que lui donner à manger, comment, à quel rythme et jusqu'à quand ?
Après quelques rappels importants, nous vous indiquons comment l'hydrater, nous décrivons les
éléments de base d'un régime pour oisillons d'insectivores et de granivores, nous donnons des
exemples de recettes et nous indiquons comment les alimenter, le rythme de nourrissage et sa
durée.

Quelques rappels


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Probable oisillon de Merle noir (Turdus merula) : notez la plume à proximité
qui sert à caresser le
petit, ce qui le rassure (idée de notre lectrice Line Morel)
.
Il est tout d'abord important de rappeler que la détention d'oiseaux sauvages est interdite sauf
en cas d'urgence ou s'ils sont blessés et qu'ils doivent être conduits vers un centre de
sauvegarde.
Votre intervention devra donc être limitée au maximum.
Avant de vous occuper d'un oisillon, il faut vérifier qu'il est vraiment orphelin ou qu'il n'est pas
possible de le remettre dans son nid : en effet, il est faux de dire que si vous touchez un petit ses
parents le rejetteront.
Les oiseaux ont un sens très limité de l'odorat et ils continueront de le nourrir si vous le posez à
proximité du nid : vous pouvez par exemple le poser dans un panier tressé et l'accrocher en
toute sécurité à une branche.
Assurez-vous que les adultes pourront l'atteindre.
Évitez aussi les dérangements et faites attention à votre chat (lire Protéger les oiseaux des
chats).
Installez-le dans un petit panier, une boîte de chaussures, une boite de margarine, dont le fond
sera tapissé de papier toilette ou de serviettes en papier pour un nettoyage facile.
Evitez les tissus car les griffes peuvent se coincer dans les boucles.
Déposez le nid de remplacement dans un carton pour l'isoler de l'entourage.
Placez l'ensemble près d'une source de chaleur lampe, bouilloire, radiateur), surtout si l'oisillon
est nu.
Line Morel, l'une de nos lectrices, qui avait recueilli un oisillon de Merle noir, avait trouvé une
astuce : elle a ajouté une bouteille d'eau chaude au fond de la caisse dans laquelle elle avait
placé le nid.
Attention aux poussières.
Les oiseaux malades ou blessés devront être soignés par un vétérinaire ou un soigneur
Malgré tous vos efforts, il faut avoir en tête que la plupart des oiseaux élevés à la main vont
mourir.
C'est d'ailleurs le destin de la plupart des jeunes oiseaux dans la nature, 90 à 95 % périssant
avant de pouvoir se reproduire.


L'hydratation

La plupart des poussins que l’on récupère sont déshydratés et sous-alimentés.
Il faudra les réhydrater avant de leur donner à manger.
Pour vérifier le degré de déshydratation, vous pouvez regarder l'intérieur de leur bec : s'il est
humide, c'est que tout va bien.
Un oiseau déshydraté a en outre, généralement la peau rougeâtre.
Vous pouvez soulever doucement la peau de son dos ou de son cou, elle devrait retourner à sa
position initiale dès vous la lâchez.
Il ne faut jamais mettre de liquide de force dans le bec d'un oisillon car il y a un risque de
pneumonie ou même de noyade.
Le mieux est de donner un régime riche en eau.
Il existe des boissons spécialement conçues pour la réhydratation, comme Gatorade ou Ringer
lactate.
Vous pouvez aussi élaborer votre propre boisson en faisant bouillir un
quart de tasse de sirop de
maïs (que l'on utilise de préférence à la place du saccharose car plusieurs poussins ne le
supportent pas) et en ajoutant une pincée de sel.
Laissez tiédir, trempez-y votre doigt et faites tomber des gouttes dans le bec.
Vous pouvez aussi utiliser un compte-gouttes.
Il sera alors en mesure d’en absorber un peu sans risque d'étouffement.
Vous pouvez aussi lui donner de très petits morceaux de fruits (sans la peau) à forte teneur en
eau comme les raisins, les pastèques, les melons, les prunes, les cerises…


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Jeunes Mésanges charbonnières (Parus major) : le régime almentaire des
poussins est relativement standard quelle que soit l'espèce.
Photographie : "Panthère des neiges" (pseudo)

Il ne faut pas prendre l'oiseau dans la main pour le nourrir et l'hydrater, sauf si c'est absolument
nécessaire, et en tout cas, il ne faut pas le tenir par son dos.
Il ne faut pas verser de liquide directement dans la gorge : il suffit d’en déposer un peu sur le bout
du bec et le laisser descendre par capillarité.
Enfin, il faut veiller à ne pas mettre d'eau dans les narines.

Régimes pour oisillons d'espèces insectivores

Quand on veut nourrir un oisillon, il est utile de reconnaître l'espèce, et en
particulier de savoir s'il
s'agit d'une espèce insectivore ou granivore : mais quand ils ont très petits, leurs besoins
alimentaires sont très proches et doivent être riches en protéines.
En outre, ces poussins sont indiscernables.
Ainsi, vous n'êtes pas sûr que le poussin recueilli soit bien celui d'une espèce granivore, donnez
un régime pour insectivores, plus riche en protéines.
Les poussins d'oiseaux insectivores, comme les étourneaux ou les merles, ont besoin de grandes
quantités de protéines animales.
Ces oisillons sont en outre nourris presque exclusivement avec des insectes par leurs parents, et
ils ne sont pas habitués à ingérer des aliments liquides.
On estime qu'un étourneau adulte a un régime alimentaire constitué d'un tiers de protéines et de
12 % de matières grasses.
Or un poussin a encore plus besoin de protéines qu’un adulte.
Ne donnez jamais de vers de terre ou de pêche vivants à des oisillons : ils peuvent avoir des
parasites ou perforer leur intestin délicat.
Vous pouvez toutefois occasionnellement couper de très petits morceaux de vers de terre.


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Jeune Mésange bleue (Cyanistes caeruleus), une espèce insectivore.
Photographie : Michael Pop

Il existe de nombreuses recettes pour nourrir des oisillons d'espèces insectivores, et la plupart
sont basées sur l'utilisation d'aliments (croquettes imbibées d'eau, pâté) pour chiens ou pour
chats complétés de jaune d'oeuf.
Lors du choix d'une marque, lisez l'étiquette pour vous assurer non seulement que les
proportions de protéines et de lipides sont correctes (environ 30 % et 12 %), mais aussi que
l’ingrédient principal est le poulet ou la viande.
Les bouillons de poulet pour chats sont aussi intéressants.
Il faut limiter l'usage tel quel de formules toutes prêtes disponibles dans les oiselleries car les
oiseaux nés en captivité ont des besoins nutritionnels différents de ceux trouvés dans la nature
. Les régimes pour oiseaux de volière sont riches en protéines végétales (maïs, soja) et manquent
de protéines animales (leur proportion est en général inférieure à 20 %).
Il faut donc les compléter avec des sources de protéines animales.


Un exemple de recette pour oisillons insectivores

Voici une recette équilibrée pour un petit étourneau, mais elle est aussi valable pour un merle,
une grive, une mésange, voire pour des oisillons granivores comme ceux des moineaux et
d'autres passereaux.
Utilisez de la nourriture sèche pour chien ou pour chat trempée dans de l'eau, en s’assurant que
le poulet ou le boeuf est bien l’ingrédient principal.
Mélangez une tasse d'aliment pour chats imbibé d’eau, un quart de tasse de compote de
pommes, un œuf dur, des vitamines pour oiseaux (en respectant le dosage), environ 750 mg de
calcium réduit en poudre dissout dans un peu d'eau.
Mélangez tous les ingrédients en ajoutant suffisamment d'eau pour que la consistance soit celle
d’un gruau (préparation de céréales) cuit.
Ce mélange peut être séparé en portions et congelé.
Il ne faut le laisser à température ambiante que pendant une heure ou deux car il peut tourner.
Il peut être intéressant d’ajouter de petites quantités d'aliments différents à la formule pour
familiariser l'oisillon à d'autres goûts, comme de la purée de patates douces ou de carottes par
exemple.
Vous pouvez utiliser aussi un petit pot pour bébés (petits pois, haricots, patates douces …) : n'en
ajoutez qu’une petite quantité car il ne s'agit que d'un complément possible.


Un exemple de recette pour un oisillon de Merle noir

Line Morel, une lectrice d'Ornithomedia.com, a donné à l'oisillon de Merle noir qu'elle avait
recueilli de la pâte pour insectivores remixée (car elle présentait encore de trop gros morceaux)
à laquelle elle avait ajouté de l'eau.
Elle lui a aussi donné en alternance des vers de farine.


Une autre recette efficace

Voici un excellent exemple de régime alimentaire pour oisillons d'insectivores (également
valable pour certains granivores comme les moineaux) :

1/4 de tasse de bœuf haché maigre;
1 cuillère à thé de fromage frais à base de lait entier;
1/4 tasse de nourriture pour chien
1/4 de jaune d'oeuf dur;
1 cuillère à café de sable fin (pour la digestion);
1 cuillère à café de nourriture sèche pour tortues (disponible dans les animaleries).
Vous pouvez conserver ce mélange à température ambiante pour deux repas ou le placer au
réfrigérateur pour une journée.
Le reste pourra être congelé pour une utilisation ultérieure.
Quand l'oiseau grandit, ajoutez graduellement des vers finement découpés, des sauterelles, des
grillons et d'autres insectes.
Une bonne source d'approvisionnement en insectes est une lampe électrique "tueuse".
Les poussins d'oiseaux en partie frugivores (comme les merles et les grives) peuvent aussi
ingérer de temps en temps des raisins et des baies.


Pour les poussins de granivores


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Jeune Verdier d'Europe (Carduelis chloris), une espèce granivore.
Photographie : Michel Lefrançois

Les moineaux, les pinsons ou les verdiers sont des espèces granivores.
Les jeunes ouvrent leurs yeux quand ils ont entre trois et cinq jours et ils quittent le nid entre 14
et 21 jours.
Les adultes possèdent dans leur gésier des particules dures qui les aident à digérer les graines.
Le régime idéal pour leurs poussins sera composé de 21 et 30 % de protéines brutes, 2 à 3% de
matières grasses, et 6 à 12 % de fibres.
Il est proche de celui des oisillons d'insectivores, et vous pourrez aussi leur donner des aliments
pour chats et chiens mélangés à du jaune d'oeuf.
Des aliments concentrés d'excellente qualité ("starters") sont disponibles dans le commerce,
comme le Monkey Crunch 20 de Mazuri (mazuri.purinamills.com) ou l’AvianBreeder Natural Diet
de Zupreem (www.zupreem.com).
Après broyage, le Monkey Crunch 20 pourra par exemple être donné tel quel.
Il est possible d’ajouter de la farine de soja, des germes de blé et de la poudre d'œuf entier dans
un rapport de 4:1:1:1.
Vous pouvez stocker ce mélange en poudre dans votre congélateur pour empêcher la présence
de charançons et de papillons.
Ajouter un peu d’eau pour faciliter l’ingestion.
Il est aussi possible de créer une ration soi-même : dans une tasse, mélangez de la farine de
maïs, de la farine d'avoine et deux tasses d’œuf dur râpé; ajoutez six tablettes broyées, de 750
mg de carbonate de calcium, 650 mg de vitamine E, 500 mg de vitamine C et une tablette
multivitaminée contenant environ 2 200 mg de vitamine A et 10 mg de vitamine D3.
Il est possible d’ajouter de la vitamine D isomère en ajoutant une cuillère à café de Plex-Sol C
(Vet-A-Mix) multivitaminé ou un comprimé de Mazuri 5M24.


Pour les autres poussins

Pour des oisillons d'espèces exclusivement frugivores (rares en Europe), des baies (raisins,
groseilles, mures .. .) coupées en petits morceaux doivent aussi être données en plus d'un
régime de base riche en protéines.
Pour les canetons, vous pouvez donner du maïs, de la laitue et de la nourriture achetée en
magasin.
Les poussins de pigeons et de colombes ont besoin d'aliments spéciaux ("lait de pigeon")
difficiles à élaborer chez soi.
Pour les jeunes geais, une petite quantité de beurre d'arachide pourra être ajoutée à de la pâtée
ou à des croquettes pour chiens ou chats mélangés à du jaune d'oeuf.

Un indicateur : la consistance des fientes

Jusqu'à dix jours environ, les fientes d'un oisillon sont enfermées dans une enveloppe qui facilite
leur enlèvement par ses parents.
Elles devront ensuite avoir une certaine consistance, un peu comme de la pâte à dentifrice.
Un bébé qui reçoit trop de liquide dans sa nourriture aura des fientes molles sans forme.

Comment les nourrir ?

Les aliments doivent être à température ambiante.
L'oiseau doit être nourri à la main, ou avec une touillette, un bâtonnet de glace, une paille coupée
ou une pince.
Le manche d'une cuillère en plastique est surtout utile pour les oiseaux plus âgés.
Il faut éviter les petits objets pointus comme les cure-dents.
Placez une main sur le dos de l'oisillon et sur les ailes, levez-lui la tête et appuyez légèrement à
la base du bec pour lui signaler qu'il est temps de se nourrir.
Placez une petite quantité de nourriture dans son bec en faisant attention de ne pas percer le
fond de sa gorge.
Si l'oiseau n’ouvre pas le bec, forcez doucement l'ouverture.
Pour le stimuler, tapotez doucement sur la boite ou sur le dessus de son bec.
Les petits recueillis à un âge plus avancé mettront plus de temps à ouvrir le bec, et ils auront
peut-être besoin d'être nourris "de force" quelques fois avant d’accepter de la nourriture.
Limitez les manipulations au strict minimum.


A quel rythme ?

Le rythme de nourrissage des oisillons dépend de leur âge mais aussi des sources : toutes les 20
à 30 minutes pour les oisillons sans plumes, toutes les 45 minutes quand les plumes
apparaissent et au moins toutes les heures pour les petits emplumés, du lever au coucher du
soleil.
Un jeune avec toutes ses plumes peut passer jusqu'à deux heures sans se nourrir.
Nourrissez les poussins autant qu’ils le demandent, en évitant la suralimentation : ils s’arrêtent
de mendier quand ils n’ont plus faim et arrêtent alors d'ouvrir le bec tout en agitant les ailes.
Les oisillons dorment toute la nuit et n'ont alors pas besoin d'être nourris, mais ils doivent être
alimentés avant la nuit et dès que vous vous réveillez.
Line Morel nous précise qu'elle a nourri un oisillon de Merle noir selon la fréquence de ses appels,
soit environ toutes les 40 minutes à une heure en journée.
Il dormait bien à partir de 19 heures.

Jusqu'à quel âge ?

Quand les plumes commencent à pousser ou/et quand l'oisillon se pose sur les bords de sa boîte
pour recevoir sa nourriture, c’est qu’il est temps de le mettre dans une cage, la plus grande
possible.
Lorsque l’oisillon a environ quatre semaines (dans le cas des étourneaux, mais c'est un repère
pour plusieurs espèces), vous pouvez commencer à placer de la nourriture dans un petit
récipient, tout en continuant à le nourrir à la main.
C'est aussi un bon moment pour ajouter un récipient d'eau.
Même lorsque l'oisillon commence à manger de façon autonome, il faut continuer à le nourrir à la
main jusqu'à ce qu'il soit complètement sevré, à environ six à huit semaines, voire plus.
Une fois sevré, un oiseau préfère se nourrir seul et ne mange presque plus à la main.
Pour savoir si l’oiseau peut voler et être relâché, faites d'abord des essais chez vous.
Une moustiquaire placée à l’extérieur, par exemple sous un porche, serait idéale.
Dès qu'il peut voler, il pourra être relâché : il faut en effet réduire au maximum la durée de
captivité.
Relâchez-le dans une zone riche en nourriture où vivent d’autres individus de la même espèce.
Les poussins de Moineaux domestiques sevrés vont commencer à ramasser et à manger de
petites graines et de la nourriture pour chiens.
Dans le cas d'un étourneau, si le jeune mange par lui-même depuis environ trois semaines, il
pourra alors recevoir une alimentation pour adulte.

werner
23/05/2014, 17h35
---Bonsoir.---
---Nourrir un oisillon au printemps.---Très intéressant, surtout que nous sommes tous plus ou moins confronté , un jour ou l'autre recueillir un oisillon.---